Pourquoi j'écris plus ?Je sais pas, j'attends.
Pourquoi j'écris plus ?
Je sais pas, j'attends. J'attends de voir c'qu'il y a derrière cet horizon plus ou moins lointain, je saurais pas dire. J'aime à croire que ça finira par démarrer, qu'il se passera des trucs vivants, que ça marchera d'une façon ou d'une autre.
Un reportage parmi tant d'autres sur arte montrait des vies de gens à travers le monde, et leur rapport au corps. Des fois jme dis que "plus tard" je prendrai soin de mon corps, jlui ferai faire des exercices, je le musclerai, pour être bien dedans. Mais j'attends pour ça qu'il puisse servir à quelque chose, à autre chose d'autre qu'être assis sur un fauteuil, devant un ordinateur, jpourrais aussi bien être handicapé que ça ne changerai pas grand chose à ma vie. Je dis ça sans vraiment trouver ça mauvais, j'ai jamais été du genre à m'engueuler moi-même, j'accepte c'que je fais, c'que je suis, je m'accepte entièrement. Jsuis comme ça. Je sais donc même pas où m'amène ce raisonnement, j'ai juste "envie" de penser que ce serait bien si mon corps était entretenu, mais que s'il continue à ne pas l'être c'est pas si grave tant que j'en fais rien, et que c'est pas si grave si j'en fais rien puisque je ne l'entretien pas.
Voilà mon état d'esprit lorsque j'essaie de raisonner, fumeux, et surtout confus. Non jréfléchis plus, c'est ça. Jviens de m'en rendre compte, j'écris plus, je pense plus. Je pense pour les autres, voilà c'qui a toujours été et semble être ma dernière raison d'être. J'écoute les autres, jme fais une idée de leur vie, leurs problèmes, c'est comme lire un livre ou regarder un film, l'extérieur a quelque chose de rassurant. L'avantage des personnes étant que c'est une histoire continue, qui ne s'arrête pas à la dernière page, "une histoire vraie", n'est-ce pas. Oui je ne pense plus, j'avais même pas vraiment réalisé ça, je pensais ne plus trop être dans cet état de légume, quand j'ai l'occasion de voir des gens je suis... normal, je communique, je parle, je discute, j'ai pas trop l'air d'une loque, je souris même, pourtant je pense pas. A l'intérieur c'est vide, jsuis en pilote automatique malgré moi, c'est vraiment ça, on ne le soupçonne même pas, pas même moi.
J'écoute la musique de loin, je regarde les films d'un œil absent, jregarde tout c'qui est beau de cet oeil vide, mais pourtant jsuis quand même réceptif à tout ça. Jreste attentif au monde, jsuis juste dans une sorte de coma, et j'attends dme réveiller.
Peut-être que je me (r)éveillerai, ou peut-être pas, ou peut-être dans très longtemps, quand il sera temps. Jpeux pas savoir, tant que je saurai pas de quoi sera fait mon futur. Jpeux pas me réveiller maintenant, ou jme sentirais terriblement seul. C'est pour ça que jme suis endormi, c'était... ma seule défense. Il parait qu'il y a des gens qui, un jour, perdent spontanément leur mémoire à plus ou moins long terme suite à un choc émotionnel. Jme suis souvent fait ce genre de film comme tant d'autres (et comme tant de gens) me retrouver à l'hopital, me réveiller et ne me souvenir de rien, et voir défiler des gens qui ne m'évoquent rien. Une femme et un homme qui me diraient "nous sommes tes parents, tu te souviens ?" "Bonjour madame, bonjour monsieur, non désolé je me rappelle pas", "Hé salut... tu te rappelles peut-être pas mais... on est super pote, et les les gens là aussi, nos visages ça t'évoque vraiment rien ?" "vraiment non désolé". Et puis me faire raconter ma vie, en gros, pas en détail, ne pas entendre c'que jvoudrais pas entendre, construire moi même le reste, commencer à zéro, comme on construit un personnage de roman. Jpourrais commencer dans ces conditions. Là je peux pas, pas encore.
Jsais plus penser qu'à ça, c'est la seule chose dont jpeux parler me concernant, tout est là. Pas d'anecdotes, pas de réflexions sur le monde, rien, tout ça dors paisiblement. Voilà pourquoi j'écris plus.
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