Dernière semaine à l'AFPA.
Hier je suis allé à une "bourse
aux stages", pour y parler avec des professionnels qui
proposaient un certain nombre de stage dans ma région, sachant que
je suis censé commencer dans une semaine et finir début février,
mais bon j'en reparlerai peut-être plus tard.
Pour répondre à MysteriousDiary, et
pour faire le point sur ces 10 dernières années, comment ai-je
évolué jusqu'à aujourd'hui ?
Etant pré-ado puis ado, j'avais
beaucoup de mal à imaginer qui je serai passé 20 ans, comme
aujourd'hui j'ai beaucoup de mal à imaginer qui je serai passé 30
ans. J'ai été clairement dépressif, et j'aurais pu faire de
grosses conneries. La question est de savoir, le suis-je encore
aujourd'hui ? Peut-être oui, en tout cas un peu moins. Mais ce n'est
pas grâce à une psychothérapie ou à des rencontres qui auraient
changer ma vie, je crois que c'est juste le temps qui passe. J'ai
passé des années à me plaindre et à espérer trouver quelque
chose ou quelqu'un qui m'aiderait, qui m’apporterait du réconfort.
Même en sachant que ça ne servait à rien je me rendais encore plus
malade à espérer le plus fort possible, mais évidemment ça n'a
fait qu'empirer les choses. On ne contrôle pas vraiment ça, surtout
adolescent, on subit, et quand on veut essayer de se forcer à
positiver, à renoncer à ses désirs pour arrêter de se plaindre,
ça ne dure pas très longtemps. La seule chose qui petit à petit
nous oblige à accepter tout ça, c'est le temps. Non sans amertume
et vision changée de la vie et des gens évidemment. Il n'est pas
spécialement productif dans cette situation de se demander de qui
est-ce la faute, du hasard ? d'une incapacité plus ou moins
inconsciente à rencontrer les bonnes personnes ? d'un besoin de
réconfort supérieur à la moyenne du à ce qu'on a connu durant
l'enfance ? Ces questions sont intéressantes, mais y répondre
n'apporte pas vraiment de solution, le seul vrai problème est de
faire avec ce qu'on a et avec ce qu'on est, aujourd'hui et demain.
Quand je réfléchis à qui je suis
aujourd'hui je me fais la même remarque que depuis toujours : j'ai
l'impression d'être dans une phase de transition, ou d'attente. Une
transition qui dure de puis plus de 10 ans, mais qui n'a toujours
abouti à rien, ou plutôt pas encore. Je ne peux pas être moi-même,
je le suis parfois, dans un moment joyeux, l'esprit libre avec des
gens agréables, et je me rends compte avec surprise qui je suis dans
ces rares moments. Mais ça ne dure pas. Je retourne rapidement à la
digestion de ma solitude, lente et laborieuse.
Que dire des évènements de ma vie ?
Peu de choses. Si je pars du collège.
Gamin complexé, boutonneux, de bons
copains, et déjà une haine pour la masse des gens, en l’occurrence
des autres gamins qui, étant cruels à cet âge, nourrissaient mes
complexes. De fait peur absolue des filles, jalousie pour les autres
gamins qui parlaient aux filles, sentiment d'injustice. A la maison
conflits permanents.
La période pré-collège est très
floue dans ma mémoire, tout ce que je sais c'est que à la maison le
pire s'est déroulé pendant mon enfance. Violences, coups, les trucs
cassés, les hurlements, ma mère qui boit un produit chimique pour
en finir et qui m'appelle pour appeler le samu,. Quelques images, une
scène de bagare, un choc contre un radiateur qui m'a profondément
marqué, j'en faisais des cauchemars où j'entendais ou ressentais
des hurlements sourds, sans bruits, mais des hurlements quand même,
et un choc sourd, juste la sensation du choc, l'opposition physique,
le duel, puis le choc. Puis intervenir en paroles, avoir des paroles
censées que mon père prenait de plein fouet, me rendre compte qu'il
était lâche et n'osait jamais y répondre.
Bref, revenons au collège. C'était
donc la découverte de la sociabilisation, la vie ailleurs qu'à la
maison et qu'à l'école, voir les copains en dehors de l'école.
L'un d'eux était un ami que j'ai gardé jusqu'au lycée, les autres
plus revus. Les filles m'étaient interdites, j'étais repoussant.
Période Lycée. J'ai changé 2 fois de
lycée. J'étais dépressif et je faisais n'importe quoi. Je n'ai pas
été renvoyé, j'ai changé la première fois pour retrouver mon ami
du collège, car dans mon premier lycée dans lequel j'ai fait 2 ans,
j'étais vraiment très seul. Les récrés je les passais toujours au
même endroit, pas loin de la grille, dans un coin tranquille, les
gens allaient et venaient. Il y avait juste 2 types bizarres à qui
je parlais, qui était reclus aussi. 2 ans passés dans ce coin de la
cours de récré. En cours les profs m'aimaient bien en général,
j'étais pas chiant, j'étais pas mauvais, je faisais des remarques
pertinentes. Les autres de la classe me détestaient pas, peut-être
même qu'ils m'aimaient bien, mais j'étais trop bizarre pour être
admis dans les cercles de société. J'ai jamais eu d'ennemi au
lycée. Au collège oui, y'avait 2 ou 3 types avec qui je me suis
bagarré plusieurs fois, mais c'était surtout du au besoin de
violence, besoin de me défouler de ce que je vivais à la maison. Au
lycée je contenais cette violence, mais elle me rongeait. Mais j'ai
jamais eu de ma vie d'ennemi au sens type avec qui on se fait des
crasses, je suppose que c'est plus fréquents entre filles, ça
arrive parfois aussi entre mecs, mais moi quand quelqu'un me faisait
une crasse je réglais ça clairement, je me méfiais, je répondais,
mais j'allais jamais surenchérir, j'avais juste envie qu'on me
laisse tranquille et qu'on m'accepte.
3eme année de lycée. J'ai donc
rejoins un ami dans un lycée chic. Avant de le rejoindre il m'avait
déjà présenté 2 filles sympa qu'il côtoyait. Il était du genre
beau gosse et beau parleur, on se ressemblait pas mais c'est
peut-être pour ça qu'on était pote. Puis avec lui et ces 2 filles
on a créé un vrai cercle d'ami. C'était cool, c'était la première
fois que jme sentais bien avec des gens. On a fait du vélo, du
camping sauvage, les premières soirées alcoolisées (même très
hautement alcoolisées). J'étais toujours pas bien, plein de
complexes, de problèmes profonds, alors les soirées alcool sont
rapidement devenues des cérémonies de dépravation, on buvait pour
faire la fête, moi je buvais pour me défoncer la gueule et
exorciser mon mal être. Je faisais un bad trip presque à chaque
fois, mais j'en redemandais. Ces moments étaient assez mystiques,
les gens qui me connaissaient me comprenaient et pouvaient rien y
faire. Souvent j'avais besoin de casser un truc, j'avais cette
violence qui remontait, mais il fallait que ce soit un objet, jamais
je n'ai exprimé ma violence sur une personne, de quelque façon que
ce soit, même verbale, non les amis que j'avais autour de moi
devaient être témoins de mon mal être, et je voulais leur
réconfort. Des fois c'était des trips câlins ou des trips je me
barre le plus loin possible dans les rues, etc etc. Le mec
typiquement chiant quand il boit mais qui ne veut de mal à personne,
juste qu'on le réconforte. Les relations dans ce cercle d'amis qui
s'est élargis a naturellement eu son lot d'amourettes et de
jalousies. Mon pote beau parleur s'est mis avec la jolie fille, et
moi j'étais attiré par la fille torturée qui avait des parents
tarés. Ma relation avec cette fille a été explosive, on était
amis, on parlait beaucoup, on s'aidait mutuellement, et puis, schéma
classique, quand j'ai voulu qu'on soit plus qu'amis ça a tout cassé.
Ca aurait pu, mais ça n'a pas marché. Je suis resté bloqué là
dessus pendant des années. A cause de ça notre groupe d'amis a
explosé, plus personne ne voulait se voir, les relations n'étaient
plus les mêmes. Je redoublais ma 1ere S, je ne travaillais pas, je
dormais en cours, je n'avais pas envie d'apprendre, c'était le
dernier de mes soucis. Des fois je pétais un plomb. Une fois en
début de cours d'histoire-géo, un prof que j'aimais pas m'a fait
une remarque, et je suis sorti en balançant ma chaise, en claquant
la porte et en cassant un carreau du pied. Une autre fois à la fin
de l'année scolaire y'avait un pot après les épreuves de bac
anticipées, donc soirée bar avec la classe près de la plage. Quand
tout le monde était bien bourré on est sorti marcher, et puis en
faisant mon bad trip habituel jsuis allé me jeter à la mer. Je suis
revenu tout seul comme une merde les autres n'ayant rien osé faire.
Je n'avais pas les notes pour passer en terminale, et je ne pouvais
pas non plus retripler dans un lycée chic, et de toute façon ça
n'aurait rien donné. J'ai donc été réorienté dans un lycée
technique pour refaire une 1ere STI. Et en ayant marre d'aller chez
la coiffeuse, je me suis laissé pousser les cheveux...
4eme et 5ème année de lycée. Lycée
de branleurs. Je ne connaissais absolument personne, je vivais ça
comme une nouvelle réclusion, un bagne. Dans ma classe j'ai quand
même parlé à 2 gars sympa qui faisaient de la guitare, 2 autres
qui étaient à fond dans les jeux vidéos, et aux récrés on voyait
un autre gars aux cheveux long et un peu gothique très charismatique
et sympa. Ils n'ont jamais été des amis, je les ai jamais vu en
dehors du lycée (ou peut-être une ou deux fois). Les 2 gars dans
les jeux vidéos arrêtaient pas de parler de world of warcraft... à
force d'en entendre parler je connaissais le jeu par coeur avant même
d'y avoir joué. Et puis j'y ai joué, et depuis j'y joue toujours,
beaucoup. De mon lycée d'avant j'avais gardé 1 ou 2 potes que je
voyais de temps en temps, mais le reste du temps je passais mon temps
chez moi à jouer. J'ai toujours joué à ce jeu n'ayant rien de
mieux à faire. Quand on me proposait de sortir, je sortais. En cours
je n'aimais pas ce que je faisais : électricité, mécanique,
dépannage de machines à la con, etc. Dans l'absolu j'aimais bien
ces matières d'un point de vue scientifique, je trouvais ça
intéressant, mais en pratique ça me rappelait mon père qui fait
tout ça en tant que loisir. Le niveau étant très facile comparé à
la série S, je n'ai eu aucun mal à avoir mon Bac STI avec mention
Bien sans n'avoir jamais travaillé ou révisé.
J'avais mon Bac. La voie logique après
ça c'était le DUT, on nous a presque forcé à nous pré-inscrire
avant de passer le Bac. Le IUT se trouvait sur le même site que mon
lycée, et après 2 ans passés avec des branleurs, à haïr tout ces
gens cons comme leur pieds, j'ai eu encore envie de partir ailleurs.
Alors je suis allé à la fac... Série maths-info, parce que
j'aimais la programmation et j'avais vraiment envie d'apprendre à en
faire. Au lycée je passais déjà pas mal de temps à programmer des
jeux sur ma calculatrice et à les faire tester par mes 2 potes geek
qui étaient ébahis. Là encore, je ne connaissais personne, à part
1 gars, et ça a été l'endroit où j'ai rencontré le moins de gens
de ma scolarité, c'est à dire personne. La fac s'est apparenté
pour moi à la société entière : un monde où tout le monde fait
sa vie, et où si tu veux rencontrer des gens il faut le vouloir,
sinon ça se fait pas tout seul comme à l'école. Ca paraît sans
doute logique, mais j'ai mis du temps à comprendre ça. Le niveau en
maths de la série Maths-info était la suite logique de la série S,
j'étais donc complètement largué sur beaucoup de points. Le niveau
en info était simple puisqu'il partait de zéro, je n'ai donc eu
aucun mal à être bon. Le gars que je connaissais venait de mon
lycée de branleur, il n'en était pas un, mais c'était le genre de
type qui s'est toujours rapproché de moi à mon insu : le type
extrêmement lourd, qui te lâche pas, qui sait que tu ne l'aime pas
beaucoup mais qui continue à essayer d'être ton ami, et moi n'osant
pas être méchant ou blessant lui répondant plus ou moins, et puis
c'était la seule personne à qui je parlais, ou plutôt qui me
faisait son monologue. Oui j'aurais pu être cette personne, mais
face à ce genre de situation je n'insiste jamais avec les gens, je
n'ai jamais imposé ma présence à quelqu'un ou dans un groupe de
gens, et c'est sans doute pour ça que je suis en général seul.
Bref, ce gars ça ne le gênait pas, et donc il m'a collé pendant 6
mois de fac.
Et puis j'ai craqué, je suis parti et
plus jamais revenu. Je suis resté chez moi. Pendant 3 ans. A rien
faire. A avoir des journées aussi remplies que ces phrases. A jouer.
A dormir. A manger. A jouer. A ne voir presque personne. Tout ça est
assez récent, je pourrais presque parler au présent. Ma mère
acceptant tout et n'ayant aucune influence sur rien, voire aucune
personnalité, me disait juste "ce serait bien que tu fasses
quelque chose". Mon père étant depuis longtemps devenu un
véritable fantôme restait muet, et de toute façon on ne se parle
plus depuis déjà très longtemps. Pourtant je ressentais quand même
cette sourde tension, cette gêne profonde, j'en ai assez parlé dans
ce blog. Pendant ces 3 ans j'ai côtoyé des gens sympa mais avec qui au fond de moi je n'arrivais jamais à me sentir à l'aise. Et puis j'ai rencontré quelques personnes sur
internet, parfois même en vrai. J'ai aussi rencontré des gens sur
world of warcraft. Et puis il y a environ 1 an j'ai rejoins un groupe
de personne sur ce jeu (une guilde) dans lequel j'ai connu des gens
cool. Notamment des gens chez qui je suis allé passer les fêtes
l'année dernière et qui m'ont en quelque sorte (même totalement)
mis un coup de pied au cul pour que je me trouve une formation pour
aller de l'avant, et même une copine avec qui ca n'a pas duré très
longtemps, dans une sorte de quiproquo de sentiments. Voilà où j'en
suis, à la fin de cette formation. A l'instant présent j'aimerais
être capable de continuer le récit jusqu'à une sorte de finalité,
mais il n'y en a pas, la suite est à venir et c'est pour ça que
j'ai l'impression d'être dans une sorte de perpétuelle phase de
transition. Je n'ai jamais pu être posé dans quelque chose de
stable. J'erre. Je cherche. je cherche quelque part où je me sentirai chez
moi (je ne me suis jamais senti chez moi), et une situation dans laquelle je
pourrais me sentir en sécurité, et pouvoir enfin être moi-même.
Je cherche aussi du réconfort, mais c'est bien ça que j'essaie
d'oublier avec les années. J'ai toujours été déçu parce que j'ai
espéré. Je le suis encore de temps en temps parce que je me fais
des illusions, sachant très bien que ça ne mène à rien, mais en
général ces illusions se dissipent d'elles-même rapidement, et je
retourne à l'acceptation de ma solitude. Il me reste un problème
majeur, c'est que je ne me suis jamais fait à l'idée que je devais
vivre pour moi. Mon idéal a toujours été d'avoir un but qui ne
soit pas moi, je crois que je n'arriverai pas à ce qu'il en soit
autrement. Rien que le fait d'écrire des Moi à longueur de ligne de
rend malade à la longue, pourtant il n'y a que moi ici et
maintenant. J'espère un jour pouvoir sortir de cette
auto-contemplation, quand j'aurai réussi à apaiser mon existence.